
[BLOG] L’hiver Québecois à l’écran avec Post-Moderne

C’est février, le froid de l’hiver est à son paroxysme, les circonstances actuelles nous rendent plus casaniers qu’à l’habitude. On fait le tour de nos plateformes de « streaming » deux, trois, quatre fois, évitant souvent en vain de ne pas se relancer encore et encore dans nos vieilles séries de prédilection. On rêve de vacances au chaud (en ayant le bon sens de simplement fantasmer, espérons-le).
Et pourtant, chez Post-Moderne, l’hiver québécois s’est souvent retrouvé au cœur de récits passionnants et diversifiés, soulignant notre rapport unique face à celui-ci. Des milieux urbains les plus denses aux coins les plus reclus de notre territoire, plusieurs de nos meilleurs artisans s’en sont servi comme toile de fond, voire comme personnage à part entière. Voici donc quelques suggestions cinéphiles hivernales de productions de chez nous, sur lesquelles nous sommes heureux d’avoir mis notre grain de sel!
Jusqu’au déclin (2020) de Patrice Laliberté
Malgré les millions de visionnements déjà enregistrés sur la plateforme Netflix, il n’est pas encore trop tard pour attraper (ou revisiter) l’un de nos meilleurs succès populaires récents, un premier film maîtrisé qui réussit à rallier une forte vision d’auteur (celle de Patrice Laliberté, dont la carrière avait rayonné en court métrage) à une approche délibérément accessible face au cinéma de genre.
Plein d’espoir face à son nouveau mode de vie, Antoine rejoint un groupe de survivalistes amateurs lors d’une formation dirigée par Alain, un gourou de l’auto-suffisance qui, malgré son rôle de mentor, en viendra à exposer son côté sombre lorsque leur séjour prend une tournure cauchemardesque.
*Disponible sur Netflix
One Day in the Life of Noah Piugattuk (2019) de Zacharias Kunuk
Noah Piugattuk, aîné d’une communauté inuit de la terre de Baffin, territoire situé à l’extrémité nord du Nunavut, reçoit en 1961 la visite d’un homme blanc qui l’invite à quitter sa terre natale afin de rejoindre les nouvelles réserves pour Autochtones. Véritable pionnier du cinéma des Premières Nations, Zacharias Kunuk s’attarde sur cette confrontation, reconstituée en temps réel, dont la simplicité narrative n’a d’égal que sa portée historique. Un récit canadien tout simplement essentiel.
*Disponible sur iTunes et au Musée d’art contemporain de Montréal dans le cadre de l’exposition La machine qui enseignait des airs aux oiseaux
L’acrobate (2019) de Rodrigue Jean
Troquant ses univers de région (le Nouveau-Brunswick et le Yukon de Full Blast et Yellowknife) pour un nouveau chapitre de carrière axé sur les dures réalités du centre-ville montréalais, Rodrigue Jean signe avec L’acrobate un film aride mais indéniablement saisissant sur l’isolement en milieu urbain, porté par la puissance brute de Sébastien Ricard et Yury Paulau. Déconseillé pour les cœurs sensibles mais fortement recommandé pour un public averti à l’esprit ouvert.
*Disponible sur Vimeo
Merci pour tout (2019) de Louise Archambault
Pour un changement de ton total, voici une comédie de temps des fêtes au féminin, deuxième production à succès de Louise Archambault (avec Il pleuvait des oiseaux) pour l’année 2019.
Isabelle Langlois offre un scénario ludique qui fusionne embrouilles familiales et quiproquos criminels, le tout bouclé par les superbes images des Îles-de-la-Madeleine du directeur photo Yves Bélanger.
*Disponible sur YouTube, Illico, iTunes, Google Play, Crave
Tadoussac (2017) de Martin Laroche
Après avoir quitté Montréal à la suite d’une dispute avec son copain, la jeune Chloé (superbement incarnée par Camille Mongeau) se rend jusqu’à Tadoussac afin d’y déterrer de lourds secrets concernant son passé. Martin Laroche inscrit son deuxième long métrage (après Les manèges humains) dans une forte tradition de films québécois traitant de l’identité à travers les liens de filiation.
*Disponible sur Vimeo, Le Clap
Montréal la blanche (2016) de Bachir Bensaddek
Une nuit montréalaise, un taxi, deux passagers. Bachir Bensaddek adapte sa pièce de théâtre éponyme à l’écran avec Karina Aktouf et Rabah Aït Ouyahia comme protagonistes, deux immigrants algériens installés depuis longtemps à Montréal qui, malgré leurs nouvelles vies, n’ont toujours pas échappé aux tourments de leur héritage. Un regard subjectif d’une grande richesse sur l’expérience immigrante maghrébine au Québec.
*Disponible sur DVD (trouvez-vous un ami qui le possède!)
Répertoire des villes disparues (2019) de Denis Côté
À l’image de l’ensemble de la filmographie de l’enfant terrible du cinéma d’auteur québécois Denis Côté, Répertoire des villes disparues brouille les pistes entre les genres et subvertit les attentes du spectateur, brossant le portrait lugubre d’une petite communauté rurale en deuil qui semble demeurée figée dans le temps et pétrifiée par la peur de l’Autre après une tragédie. Ni un drame social ni un film d’épouvante, ce onzième long métrage du cinéaste semble plutôt faire partie d’une catégorie cinématographique à part dont seul son créateur détient le secret.
*Disponible sur Maison 4:3, iTunes, Crave
Benjamin Pelletier